Il m’a d’abord appris à
grimper dans les squatts, à aiguiser mon œil pour repérer les maisons
occupées…
Il m’a aussi appris à
décoder quelle haine, quelle rancœur tenace rendaient l’autre
hargneux, même avec ceux qui voulaient l’aider.
Je crois lui avoir appris
la distance qui protège, un peu !
Nous étions différents
comme poule et canard, drôle de couple éducatif
!
C’est lui qui a monté le
Samu Social à Bordeaux, il avait des comptes à régler avec
l’exclusion… mais sa vraie vie n’était pas là
!
Il aurait pu être conteur
(demandez-lui les restos juifs à Marseille), cuisinier, menuisier,mais aussi
danseur mondain, baroudeur ou artisan…
Mais ce sont ces drôles de
femmes venues d’ailleurs, ses déesses hiératiques, ses sentinelles
aiguës,ses voilées mystérieuses…et je ne peux m’empêcher de faire
le lien. L’autre, la différente,
celle qui reste superbe sous le fardeau, tellement femme sous ses
voiles, avec quelle tendresse il nous les montre, avec quel amour il
leur donne une place !
Dans le monde de Bruno
Zambrana-Ferran, la beauté a gagné sur le désespoir, l’élégance sur
l’avilissement.
Notre monde était trop
dur, trop injuste, il en a fait un autre, tout calme, de sérénité,
de douceur et de féminité.
Merci Bruno,mon frère
!
Dany Dutheil